Trainspotting

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mercredi 6 février 2013

Luis Suarez le mal-aimé



   Étincelant depuis le début de saison, Luis Suarez maintient le cap à Liverpool. Si les Reds peuvent encore prétendre à l'Europe cette année, ils le doivent en grande partie à leur attaquant Uruguayen, pourtant très loin de faire l'unanimité. Portrait d'un mec qui défraie la chronique.


Plongeons, oreille et Jackson Five


   C'est bien connu, en Angleterre plus qu'ailleurs, la popularité d'un joueur se mesure dans les tribunes. Lampard, Gerrard, Rooney, Terry, tous ont un chant qui leur est dédié, vantant autant leurs exploits sur le pré que leurs frasques extra-sportives. Dernier exemple en date, la chanson dédiée à l'ex-squatteur du Milk montpelliérain, Olivier Giroud, entonnée par les supporters gunners à chaque sortie ou but du frenchie sur fond de 'Hey Jude'. S'il en fallait un qui définisse la vision qu'a le royaume de Luis Suarez, ce serait sans conteste celui inventé par les supporters de Stoke un soir de cup, et ce fameux "he cheats, he dives, he hates the jackson five, Luiiiiiis Suareeeez". Car malgré son talent indéniable, et bien qu'il soit libre d'écouter les sons qu'il veut, c'est peu dire que le buteur à la tête de rongeur agace. Et en y regardant de plus près, le passé donne raison à ses détracteurs. À son tableau de chasse vient bien évidemment s'inscrire cette main face au Ghana en quart du mondial 2010. Geste qui privera le continent africain d'une première demi-finale historique, et que les uruguayens préféreront qualifier de deuxième "main de dieu". On peut également y ajouter son implication dans une affaire de propos racistes que l'attaquant aurait adressé à l'encontre d'Evra, qui lui vaudra huit matchs de suspensions. Mais Suarez, c'est aussi des buts de la main, le plus récent face à Mansfield lors du troisième tour de cup en ce début d'année, des plongeons à répétitions et un croc dans l'oreille d'Otman Bakkal, lors d'un bouillant Ajax-PSV lorsque ce diable de Luis Suarez (elle est pour toi celle-là, Stéphane Guy) évoluait encore sous les couleurs des ajacides. Un joueur aussi régulier qu'instable, qui traîne donc derrière lui pas mal de casseroles, en plus d'une réputation de tricheur, confirmée par les propos de Koscielny relayés par Skysports, en octobre dernier. "Quel est l'attaquant que je déteste le plus? Suarez. C'est fatigant de jouer contre lui. Il triche. Il tire votre maillot. Il donne des coups vicieux. Vous voulez toujours lui donner un coup de pied mais vous devez être prudents de ne pas prendre un carton rouge[...] C'est un joueur qui va chercher a plonger dès qu'il y a le moindre contact. Pendant un duel, nous nous étions touchés, et il est immédiatement tombé au sol" avoue l'ancien lorientais. Mais là où certains y voient un manque de maturité, il faut y déceler une volonté à toute épreuve. La vérité, c'est que Luis Suarez est un génie, un type toujours à 200%, capable de pousser à bout les défenseurs adverses pour planter son pion, et prêt à se sacrifier pour sa team. Car le natif de Salto sait qu'il vient de loin, et il ne l'oublie jamais.



De la rue à Anfield


   Et c'est peu dire que Suarez en a chié. Issu d'un milieu modeste, c'est avec ses 6 frères qu'il passe sa jeunesse, élevé seulement par sa mère suite au divorce de ses parents lorsqu'il avait 9 ans. C'est dans les rues de Montevideo qu'il récite ses premières gammes. Précoce, il dispute ses premiers matchs pros avec le Nacional, l'équipe locale, à seulement 18 ans. Suarez commence sérieusement à voir à travers le football une alternative à la misère, et c'est aussi avec ces mêmes tricolores qu'il commence à gagner ses premiers trophées. En Uruguay, il n'y reste qu'un an, le temps pour lui de scorer 12 buts en 34 matchs et de se faire transférer à Groningue, aux Pays-Bas. Ce transfert va constituer un tremplin pour sa carrière. Tout s'accélère, et l'attaquant est transféré l'année suivante à l'Ajax. À Amsterdam, il prend une nouvelle dimension, passe la seconde, et claque la bagatelle de 111 buts en 159 matchs. La suite, on la connaît. En 2011, il débarque à Liverpool et dégomme tout sur son passage, dans tous les sens du terme. Très vite, il séduit les scousers. Un match en particulier va permettre au joueur de la celeste de se faire définitivement adopter sur les bords de la Mersey. Quelques mois après son transfert, Liverpool reçoit son ennemi de toujours, Manchester United. Suarez est aligné seul en pointe, et a la lourde tâche de porter l'attaque des Reds. L'uruguayen va carrément tout faire péter. 33ème minute, après un cafouillage dans la surface, l'attaquant demande le ballon, le reçoit dos au but, et mystifie tout bonnement toute la défense mancunienne dans un périmètre restreint avant d'adresser un caviar à Kuyt qui n'a plus qu'à le pousser au fond des filets. Anfield exulte, mais lui ne s'arrête pas là, et va largement contribuer au succès des reds, 3-1. Les fans de Liverpool tombent amoureux de Suarez, et Suarez leur rend bien. Cette saison, plus décisif que jamais, il affiche déjà 17 buts en 24 matchs, juste derrière les 18 réalisations de Van Persie. Il n'en fallait pas moins pour que certaines grandes écuries d'Europe se positionnent sur son transfert, notamment le Bayern Munich, prêt à débourser pas moins de 40 millions d'euros pour s'attacher ses services. Cela dit, Liverpool ne compte pas le lâcher de sitôt, à en croire les dernières déclarations de Brendan Rodgers, son coach. "Il n'est jamais blessé, il n'est jamais sur une table de massage. Il est capable de jouer trois matchs chaque semaine. C'est un joueur fantastique". Gerrard va même jusqu'à déclarer que "c'est le meilleur attaquant avec qui [il a] pu jouer". Suarez ne fait pas l'unanimité en Europe? Il s'en bat les reins. A Liverpool, désormais, c'est lui le boss.


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